Le SPF Santé publique recrute des référents experts de vécu

Le SPF Santé publique recrute des référents experts de vécu

Dans le cadre des réformes des soins en santé mentale en Belgique, une attention particulière est accordée au bien-être des citoyens. Si les professionnels remplissent une mission essentielle dans les soins apportés aux personnes confrontées à une problématique de santé mentale, il faut considérer que, les pairs, qui ont une expérience à partager, ont aussi un rôle bien important.

Dans ce cadre, le SPF Santé publique entreprend une nouvelle action par le recrutement de référents experts de vécu. Stéphanie Natalis, collaboratrice à la cellule de coordination fédérale des réformes des soins en santé mentale, nous parle de cette initiative.

“Depuis quelques années des budgets considérables ont été dégagés pour renforcer le secteur de l’aide et des soins en santé mentale. Dès le début des réformes, le projet Participation a permis aux usagers et aux proches d’être reconnus comme partenaires des professionnels de terrain dans la réflexion et l’action et de s’impliquer activement dans des organes stratégiques tels que les comités de réseau.

Nous souhaitons que les référents experts de vécu puissent promouvoir et valoriser leur expérience et leur parcours de vie dans des projets subventionnés par les autorités fédérales. L’idée est de provoquer une réaction en chaine qui démontre la plus-value de l’implication d’experts de vécu au niveau des équipes d’aide et de soins.

Ces référents experts de vécu seront recrutés dans le cadre des thématiques suivantes  : équipes mobiles (de crise et de longue durée), internement, High Intensive Care et soins psychologiques dans la première ligne.

La fonction de référent expert de vécu est une fonction pionnière, nous veillerons à ce que les personnes engagées pour ces projets remplissent leurs rôles en valorisant leur expertise. “

Les candidatures sont à remettre au plus tard le 21 octobre 2024 via l’adresse : expertbyexperience@health.fgov.be

L’offre d’emploi

Propos recueillis par Franca Rossi

Le Bric à Brac, à Tournai, un lieu de liens et d’expression. Grâce au Bric à Brac, le Funambule dispose d’un local pour accueillir son groupe de parole mensuel, cofacilité par Sandy et Nicolas. Nous avons voulu en savoir plus sur cette institution partenaire.

Le Bric à Brac, à Tournai, un lieu de liens et d’expression. Grâce au Bric à Brac, le Funambule dispose d’un local pour accueillir son groupe de parole mensuel, cofacilité par Sandy et Nicolas. Nous avons voulu en savoir plus sur cette institution partenaire.

Le coordinateur, Bruno Verraghen, nous en parle.

« Le Bric à Brac a été créé en 2007 par des résidents encadrés par l’ASBL « Le Relais », une I.H.P. (initiative d’habitations protégées). Au départ, les activités occupaient quelques plages horaires dans la semaine et, progressivement, ont été programmés des ateliers (peinture, dessin, visionnage de films, théâtre, sport, cuisine, …) ; Nous proposons des ateliers sur place ou à l’extérieur. Notre public cible, ce sont les personnes présentant une vulnérabilité psychique mais c’est un lieu d’échange et nous sommes ouverts à des personnes qui souhaitent simplement découvrir le lieu. Nous fonctionnons en cogestion, c’est-à-dire une gestion impliquant les membres de l’équipe et des volontaires. Cela procure une richesse en plus, tant pour les visiteurs que pour nous. Chaque voix compte et est entendue.

Ce lieu d’accueil est ouvert les lundis et mardis, de 9h30 à 12h, le mercredi, de 13h30 à 16h et le jeudi, de 10h à 15h. Viennent s’ajouter à cet horaire des activités spécifiques. Nous collaborons notamment avec l’article 27, qui favorise l’accès à la culture pour tous. On élabore des projets en commun. On a par exemple proposé un atelier de danse intitulé « In and out » qui a été joué en 2021 devant 200 personnes, au Musée des Beaux-Arts de Tournai, un très beau bâtiment de style Horta.

Les participants au projet ont amélioré leur confiance en soi, leur estime de soi et leur expression corporelle.

Le nom Bric à Brac fait un peu référence au désordre mental et au fait qu’on y fait beaucoup de choses différentes, à l’image de ce qui se passe dans l’esprit de chacun ».

Propos recueillis par Franca Rossi

Rue des Chapeliers 48

7500 TOURNAI

069/23.52.43

La pair aidance, une belle complémentarité entre experts de vécu et professionnels de la santé mentale

La pair aidance, une belle complémentarité entre experts de vécu et professionnels de la santé mentale

Le projet a été initié et est porté par le Docteur Benoît Gillain, chef du service psychiatrie. Il nous parle de cette collaboration avec notre association.

« C’est une réelle opportunité pour nous de bénéficier de moyens supplémentaires pour accueillir et encadrer encore mieux des personnes en crise qui souffrent d’une maladie mentale. C’est très important que les soignants intègrent l’idée d’un réseau autour du patient, comme les proches, les amis. On élabore donc un projet de soins défini pendant le séjour, en tenant compte du réseau et des ressources qu’il représente pour le patient. On accepte les moyens octroyés dans le cadre du H.I.C. mais il est évident que ce n’est pas un chèque en blanc. On travaille dans un esprit de concertation interne, en lien avec les urgences. On a intégré de nouveaux collègues, qui sont les pair aidants, notamment du Funambule. On se rend compte qu’avec leur intervention, il y a une plus grande acceptation de la maladie, que celle-ci n’est pas quelque chose d’inéluctable. C’est donc un gain de temps appréciable dans le processus de soins. L’écoute par les pair aidantes aide les patients, même en crise, à être davantage acteurs de l’évolution de leur état de santé. Ce sont des rencontres symétriques, d’égal à égal alors qu’avec les soignants, ce sont des contacts asymétriques. Ce qui importe, c’est de travailler ensemble, dans un esprit de complémentarité. ».

Au sein du Funambule, Cécile Histas et Cécile Perrad oeuvrent comme pair aidantes à la Clinique depuis août 2023. Cécile H témoigne de son expérience dans ce projet : « C’est un rôle de partage et d’échange, dans une sorte de bulle, l’atmosphère est propice à la convivialité : les permanences se déroulent dans un petit salon, il y a des boissons, non alcoolisées bien sûr. Le patient se dit : « Ici, je ne suis pas chez le psy ». La première question qui nous est souvent posée est de savoir si on est médecin. J’explique ce qu’est la pair aidance et la relation, personnalisée, devient très vite une relation de confiance. On a la possibilité d’approfondir des questions qu’on aborde en groupe de parole mais de façon moins pointue. Je trouve très positif, cette complémentarité entre le personnel soignant, qui prend en charge le volet médical et nous, qui pouvons mettre notre expertise de vécu au service de nos pairs. Je constate qu’il y a souvent des comorbidités, comme l’alcool (d’où l’utilité d’une association de pairs comme les A.A. au sein de l’hôpital) ou le cannabis. Le projet H.I.C. permet de réduire la durée d’hospitalisation et de permettre un rétablissement plus rapide. ».

Cécile P parle elle aussi de complémentarité entre l’équipe soignante et les pair aidantes. Elle évoque son expérience : « Je veille à instaurer un climat de confiance et de respect mutuel avec le patient, avec des principes comme le non jugement et l’écoute bienveillante, empathique. Je fais en sorte que le patient parvienne à mieux exprimer ses ressentis et ses souffrances auprès de son médecin. Je montre aussi une grande disponibilité pour une bonne collaboration avec l’équipe de professionnels. Mon rôle de pair aidante m’apporte une richesse relationnelle et je suis contente de la confiance que l’on nous accorde. Le projet H.I.C. nous permet de mettre notre expérience de vie au service des patients, grâce à une aide individualisée. Il y a une belle complémentarité entre les professionnels et nous. On participe ainsi à la chaîne de soins en milieu hospitalier, dans un secteur que l’on connaît bien, la santé mentale. Ce projet est porteur d’espoir, un mot qui est un véritable moteur pour moi et tous les autres membres de l’équipe du Funambule. ».

Propos recueillis par Franca Rossi

Octobre 2024

Le témoignage de trois facilitateurs sur la psychoéducation

Le témoignage de trois facilitateurs sur la psychoéducation

La psychoéducation est une pratique qui consiste à fournir des informations théoriques sur la pathologie des participants et des outils pratiques en vue de mieux la gérer au quotidien. Trois facilitateurs de modules témoignent.

Grégory, qui a cogéré (avec Xavier) un module pour la première fois, durant le premier semestre 2024 : « L’expérience était très positive et instructive. A titre personnel, j’ai trouvé cela valorisant. La préparation nous a demandé beaucoup de temps, nous nous sommes partagé les tâches, Xavier et moi. C’était un peu stressant parce que c’était la première fois qu’on le faisait, on devait s’approprier la matière, visionner des vidéos, étudier les diapositives, faire des tests, etc. Les participants ont témoigné des bienfaits de cette session pour la gestion de leur trouble bipolaire. Un d’entre eux nous a dit qu’il avait constaté une nette amélioration et un mieux être physique et mental.

Xavier (modules de Liège et de Jette) : « Je connaissais un peu la psychoéducation parce que j’avais lu un livre sur le sujet mais je ne l’avais jamais mise en pratique. La préparation avec Grégory a nécessité deux à quatre heures par séance. C’était important d’utiliser les mots adaptés pour dire les choses. Un module de psychoéducation, c’est différent d’une consultation chez son ou ses thérapeutes. Une participante de Jette m’a dit qu’elle utilisait souvent une métaphore utilisée durant une des séances et que ça l’aidait. A Liège, une personne a repris un rendez-vous chez son psychiatre et a recommencé son traitement. Des participants nous remercient parce qu’ils se sentent mieux. ».

Sébastien (à l’hôpital Saint-Jean de Dieu de Leuze-en-Hainaut) : « On organise un module par an, depuis 2016, avec une séance tous les 15 jours. Il y a 10 séances, dont le contenu s’inspire du module donné par le Dr Souery, qui nous a formés.

Nous nous sommes approprié l’outil et l’avons adapté à nos patients de « La Couturelle », qui est une unité de soins pour patients ayant des troubles de l’humeur, dont le trouble bipolaire. Deux conditions sont posées pour participer à la psychoéducation : avoir un diagnostic de trouble bipolaire et être stabilisés. Des personnes viennent du groupe de parole d’Ath et certaines n’ont jamais été hospitalisées.

Emeline, qui facilite avec moi au groupe de parole, prend également part au module, ainsi que quatre autres membres de l’équipe, dont la psychiatre Catherine Dame. Ce module a un impact positif sur les patients, qui nous disent qu’il a contribué à leur rétablissement. Une des difficultés est de maintenir les participants pour l’ensemble du cycle. ».

Propos recueillis par Franca Rossi

Juin 2024

Similes Wallonie propose un service psychologique pour les proches

Similes Wallonie, association de familles et d’amis de personnes atteintes de troubles psychiques, propose un service de soutien psychologique aux proches.

Les proches sont en effet souvent habités par un sentiment d’impuissance et n’ont pas toujours un lieu ou une personne de référence pour s’exprimer. Axelle Carré, chargée de projets et psychologue à Similes Wallonie, nous parle de sa mission.

« Nous accueillons des proches lors d’entretiens personnalisés, à Liège, Charleroi et Namur. Ils ont droit à deux séances gratuites par an. Notre démarche se fait en présentiel mais il est également possible d’échanger en visioconférence ou par téléphone. Souvent, la famille s’épuise, à ne pas savoir comment s’y prendre avec la personne concernée. Je leur apporte une écoute, de l’attention, ils ont un espace où ils peuvent exprimer leurs émotions sans crainte d’être jugés. Nous ne faisons pas de suivi à long terme, nous orientons vers des psychologues, des équipes mobiles et, quand ce sont des proches de personnes bipolaires, vers le Funambule.

J’accueille majoritairement des mamans. Certaines viennent avec leur compagnon. Des frères, sœurs, enfants adultes s’adressent aussi à notre service. Un élément qui revient souvent, c’est le fait que beaucoup de personnes ne comprennent pas les troubles psychiques ou ont des a priori. Les proches n’osent donc pas en parler autour d’eux. Par exemple, si une maman explique à son entourage que son fils passe ses journées dans le canapé, il risque d’être considéré comme un fainéant. Les proches peuvent par conséquent se sentir très isolés, incompris. J’ai toujours été sensible à cette problématique. En tant que psychologue, je trouvais qu’on aidait beaucoup les personnes concernées et que les proches étaient souvent oubliés. Or, la maladie a un impact sur eux et ils n’en ont pas toujours conscience. C’est important qu’ils réalisent qu’ils doivent prendre soin d’eux aussi. ».

Propos recueillis par Franca Rossi

www.associationsimiles.org

Informations sur le service d’aide psychologique : Axelle Carré 04 344 45 45

axelle.carre@similes.org