Le Conseil Local des Personnes concernées, un lieu d’échanges à Bruxelles

Le Conseil Local des Personnes concernées, un lieu d’échanges à Bruxelles

Le Conseil Local des Personnes concernées (CLPC) est un groupe d’usagers, ex usagers et proches en santé mentale, créé par le Réseau Norwest. Les participants y échangent des points de vue, partagent leurs expériences et élaborent des recommandations à l’attention des professionnels et responsables politiques.

Chantal Lejeune est une membre active du CLPC. Elle nous en parle.

« Ce groupe est destiné à faire entendre la voix des usagers, ex usagers et proches. Ce n’est pas un groupe de parole mais plutôt d’action, avec une dimension plus politique, c’est-à-dire qu’on fait remonter les informations vers le conseil d’administration du Réseau Norwest, composé de professionnels et vers les mandataires politiques. Je suis la seule au CA à être non professionnelle et à représenter les usagers.

Le CLPC est un lieu important dans le processus de rétablissement des personnes avec des problèmes de santé mentale. Quand j’ai été diagnostiquée, je me sentais seule au monde. C’est donc important de fédérer les énergies, d’unir les forces pour aider les personnes concernées, comme le fait, entre autres, le Funambule.

Au CLPC, on accueille parfois des proches qui viennent avec des problématiques ponctuelles, parce qu’ils vivent une situation difficile avec un membre de leur famille. Quand nous sommes confrontés à de telles questions, nous faisons appel à Similes, qui partage son expertise et ses ressources.

On essaie de susciter l’intérêt de nouveaux participants potentiels, on va parler du CLPC dans les maisons médicales, les services de santé mentale et les hôpitaux psychiatriques. Les usagers, ex usagers et proches peuvent venir à une réunion, ponctuellement donc, mais l’idéal serait une implication régulière.

Nous avons un projet pour les personnes âgées vivant avec une problématique de santé mentale. Il nous semble important de se rendre à domicile, dans les quartiers, les maisons de repos, etc. ».

Propos recueillis par Franca Rossi

Pour en savoir plus sur le Réseau Norwest et le CLPC : www.norwest.be rubrique « Initiatives »

0470/494913

clpc@norwest.be

Emission radio avec Sylvie Detaille, du Réseau Norwest et Chantal Lejeune, du CLPC :

https://www.radiopanik.org/emissions/psylence-radio/donner-la-parole-partager-nos-voix/

Article dans « En Marche »

Le Funambule propose des modules de psychoéducation pour les personnes vivant avec un trouble bipolaire. Similes Bruxelles en organise pour les proches confrontés à des troubles psychiques dans leur famille ou entourage. Martine Vermeylen, vice-présidente et psychologue clinicienne, nous en parle.

Le Funambule propose des modules de psychoéducation pour les personnes vivant avec un trouble bipolaire. Similes Bruxelles en organise pour les proches confrontés à des troubles psychiques dans leur famille ou entourage. Martine Vermeylen, vice-présidente et psychologue clinicienne, nous en parle.

« Ces modules pour les proches s’inscrivent dans le programme Profamille, présent en Belgique mais aussi surtout en France, Suisse, Grand-Duché du Luxembourg et au Canada. C’est le psychiatre français Yann Hodé qui a conçu et écrit le programme de ces modules. La première année, il y a 14 séances de 4 heures, la deuxième année, il y a 4 séances avec animateur et 4 séances sans animateur. La troisième année, c’est 2 séances avec animateur et 2 séances sans. A ce jour, 60 proches ont pris part aux modules.

C’est le coordinateur de Similes Bruxelles, Gabriel Tala, Leyla Gomez, intervenante psycho-sociale, un proche aidant et moi-même qui en assurons l’animation. Le contenu des séances porte sur la communication avec les personnes atteintes de troubles psychiques, l’aide adéquate à leur apporter, la manière d’atténuer leur sentiment de culpabilité, la manière, aussi, de travailler sur la gestion de ses émotions en tant que proche (pour ne pas tomber à leur tour dans une fragilité), la façon de demander de l’aide aux professionnels, etc. On aborde également le fait d’avoir des attentes réalistes quant au rétablissement de la personne en souffrance, de ne pas se dire que tout ira mieux dans quelques semaines alors qu’il faut parfois beaucoup plus de temps.

Nous prévoyons des évaluations écrites des participants, en début, milieu et fin d’année, de manière anonyme. Les réponses montrent une grande satisfaction, surtout de mieux comprendre la maladie et, par conséquent, d’aider plus efficacement le membre de leur famille.

Ces modules de psychoéducation Profamille sont mis en œuvre à Similes Bruxelles mais aussi à la Plateforme bruxelloise pour la santé mentale (pour les proches de personnes diagnostiquées schizophrènes ou troubles apparentés) et en Wallonie (à Namur, Liège, Mons, en province de Luxembourg, …).

Nous sommes satisfaits de constater que des professionnels d’hôpitaux s’investissent aussi dans ce projet, certains deviennent animateurs comme par exemple avec le Chêne aux Haies à Mons, Le Petit Bourgogne à Liège, Le Beau Vallon à Namur, Saint-Martin à Dave,… ».

Propos recueillis par Franca Rossi

Plus d’informations sur les sites de Similes Bruxelles, la Plateforme bruxelloise pour la santé mentale et Profamille

https://similes.brussels/activites/formation/profamille/

https://platformbxl.brussels/fr/nos-activites/formations

https://profamille.site/qui-sommes-nous-2/

 

 

« La petite voix » de Mia Lee, un récit autobiographique

la petite voix

Mia Lee, 39 ans, signe une autobiographie « La petite voix ». Diagnostiquée bipolaire, borderline et souffrant du trouble déficitaire de l’attention (TDAH), elle raconte son parcours et donne de l’espoir pour ses pairs et leurs proches.

L’autrice réside en région liégeoise et a 39 ans. Elle nous explique que, depuis l’âge de 20 ans, elle pensait à écrire un livre sur sa vie. « Mais je n’avais jamais le temps, alors, j’ai pris des notes, tout au long de ces années. Puis, j’ai été en arrêt pour maladie longue durée et j’ai donc commencé à écrire mon autobiographie » précise-t-elle. 

Mia Lee parle d’une « véritable autothérapie » et confie avoir subi des traumatismes très douloureux.

« C’est difficile, je me sens toujours sur le fil » nous dit-elle, ajoutant qu’elle est suivie par un psychologue, un psychiatre et son médecin traitant.

« Ils sont tous les trois très à l’écoute, mon médecin traitant me suit depuis mes 16 ans, il m’a aidée à atteindre un certain équilibre ».

« La petite voix » (qui fait l’objet d’avis très positifs, notamment sur le site Babelio) fait référence, dit Mia, « à cette petite voix intérieure, qui m’a fait chuter et m’a aussi donné la force de me relever ».

Mia retrace son parcours depuis ses 9 ans, quand survient le décès de son grand-père, et évoque « des personnes qui ont marqué ma vie, négativement, qui m’ont détruite ».

A la question de savoir quel a été son premier lectorat, elle note que peu de personnes, dans sa famille, ont lu son autobiographie. « Je crois qu’ils ont du mal à accepter ce dont je souffre. C’est le cas de beaucoup de gens, qui ne sont pas compris par leurs proches. Mon compagnon, lui, l’a lue. Il me comprend et me soutient dans ma vie quotidienne ».

Mia ajoute que son trouble bipolaire est invalidant puisqu’il influe sur ses états d’âme et que son TDAH l’empêche de se concentrer. « C’était donc un véritable défi, de parvenir à écrire mon livre ».

Et de conclure : « Mon livre porte un message d’espoir. La lumière est au bout du tunnel. J’ai été plusieurs fois au bord du suicide et je m’en suis sortie ».

L’espoir, un mot auquel le Funambule tient beaucoup, fil conducteur de toutes ses activités en faveur des personnes vivant avec un trouble bipolaire et leurs proches.

Article rédigé par Franca Rossi

Pour vous procurer « La petite voix » :

En format papier : www.publier-un-livre.com

www.amazon.fr

www.goodreads.com

www.decitre.fr

Une docufiction sur le suicide, « I have a million reasons », mise en scène par Andrés Cifuentes, également comédien dans ce spectacle. Nous l’avons interviewé sur cette œuvre théâtrale. Une ode à la vie. 

Une docufiction sur le suicide, « I have a million reasons », mise en scène par Andrés Cifuentes, également comédien dans ce spectacle. Nous l’avons interviewé sur cette œuvre théâtrale. Une ode à la vie. 

Quand Jean-Marc Priels, psychologue clinicien et facilitateur du groupe de parole du Funambule à Jette, m’a parlé de ce spectacle, j’ai été profondément émue par la thématique. En effet, selon des statistiques de la Haute Autorité de Santé (France), une personne bipolaire sur deux fait au moins une tentative de suicide au cours de sa vie et 15% mettent fin à leurs jours. Au Funambule, nous ne sommes pas des professionnels mais nous connaissons bien cette problématique, abordée lors de groupes de parole ou à l’écoute téléphonique. 

Il me tenait donc à cœur d’échanger avec Andrés Cifuentes, qui a immédiatement accepté ma proposition d’interview. 

Ce metteur en scène de 37 ans, né au Chili, affiche un parcours artistique déjà bien étoffé. Il suit des formations, notamment à l’Institut Belge de Gestalt Thérapie (IBG) et a obtenu un master en arts du spectacle vivant (ULB). Entre autres diplômes, il a également décroché un master en théâtre et arts de la parole au Conservatoire Royal de Mons et l’agrégation pour cette discipline. 

Andrés m’explique le processus de création de la docufiction « I have a million reasons » et ses propos me touchent beaucoup : « Après le suicide de mon frère, j’ai décidé de faire une recherche documentaire pour essayer de comprendre son acte. Après cette étape, j’ai ressenti le besoin, en tant qu’artiste, de transposer ce matériel sensible et brut dans une création théâtrale qui mêle fiction et documentaire, de sublimer une question personnelle. De 2016 à 2022, avec mon équipe, nous avons recueilli des témoignages, dans les trois régions du pays, de personnes ayant tenté de mettre fin à leurs jours, de proches de personnes qui s’étaient suicidées, de professionnels de la santé mentale et du Centre de prévention du suicide ». 

Le metteur en scène, également comédien dans « I have a million reasons », aux côtés de deux autres artistes, nous explique « l’importance de sortir du tabou, de débattre du suicide et de contribuer à faire de la prévention ». 

Andrés accompagne en effet les représentations de rencontres avec le public, à l’issue du spectacle. Pour ces « bords de scène », il a convié Jean-Marc Priels, à propos duquel il se montre très élogieux et reconnaissant : « C’est un expert dans cette matière, il fait preuve d’une totale bienveillance, c’est un véritable plaisir de collaborer avec lui ». 

A la question de savoir si ce projet culturel, à grande valeur humaine et sociétale, a été thérapeutique dans la gestion de son deuil personnel, le metteur en scène répond par l’affirmative. 

Et il clôture par ces mots qui résonneront certainement dans la tête et le cœur de nos pairs et leurs proches, de toutes les personnes fragiles et hypersensibles : « La vie vaut la peine d’être vécue, elle est porteuse d’espoir ».  

Andrés Cifuentes, c’est la résilience sur scène et en coulisses. 

Article rédigé par Franca Rossi 

Informations pratiques 

« I have a million reasons » au Théâtre des Riches-Claires, 24 rue des Riches-Claires à 1000 Bruxelles. A partir de 16 ans. Durée 70 minutes. 

Les mercredis 8 et 15 février, à 19h/les 9, 10, 13, 16 et 17 février à 20h30 

Jean-Marc Priels sera avec l’équipe de création, à l’issue du spectacle, les jeudi 9, vendredi 10, mercredi 15 et vendredi 17 février 

Informations et réservations :  

Témoignage d’une personne non bipolaire sur sa participation au groupe de parole de Saint-Gilles

Témoignage d’une personne non bipolaire sur sa participation au groupe de parole de Saint-Gilles

A travers ce bref témoignage, j’aimerais vous décrire ma première expérience dans un groupe de parole en tant que personne non-bipolaire.  

Le 18 octobre, j’ai pu assister au groupe de parole de Saint-Gilles. En tant que chargé de projet pour le Funambule, je me devais d’assister à un groupe de parole pour comprendre comment cela se déroulait et pour en apprendre davantage sur la vie des personnes atteintes de troubles bipolaires.  

 

Après avoir été chaleureusement accueilli par Philippe, bénévole au Funambule et facilitateur du groupe de parole de Saint-Gilles, nous nous sommes installés dans une pièce à l’ambiance calme et relaxante. Nous étions une petite dizaine. Parmi nous, des personnes atteintes de troubles bipolaires et des proches.  

 

Nous commençons par un tour de présentation et la météo intérieure de chacun. 
Les émotions au début de la séance différaient fortement, certains voyaient un ciel très gris alors que d’autres apercevaient un soleil rayonnant.  
Pour ma part, j’étais très heureux d’être là.  

 

Les premières discussions sont ensuite lancées. Je me suis fait discret, j’écoutais d’une oreille attentive tout ce qu’ils se disaient tout en ressentant énormément d’émotions.  

Plus la séance avance et plus la parole se libère. Les participants rebondissent sur les paroles de chacun, ils partagent leurs expériences, leurs conseils, leurs émotions dans un climat bienveillant. Philippe intervient de temps en temps, ils n’hésitent pas à partager ses précieux conseils en tant que personne stabilisée.  

 

Beaucoup de thématiques sont abordées. Pour respecter la confidentialité et l’anonymat des groupes de parole, je ne pourrai pas en dire plus. Cependant, ce que j’ai observé, c’est qu’il y a une liberté de parole totale et énormément de respect et d’écoute pour l’avis de chaque personne. 

Le temps passe, les langues se délient davantage et les rires font leur apparition. Ce que j’ai particulièrement apprécié, c’est l’évolution de l’humeur des participants. 

 

La fin de la séance approche, je n’ai pas vu le temps passer. 

 

Les dix dernières minutes, Philippe interroge les participants sur ce qu’ils ont ressenti pendant la séance et comment ils se sentent.  
Malgré les problèmes latents, tout le monde est content d’une manière ou d’une autre d’avoir fait l’effort de venir assister à ce groupe de parole. Je ne me rendais pas compte que le simple fait de se déplacer pouvait parfois demander un effort surhumain pour les personnes bipolaires.  
 

Cette séance m’aura appris beaucoup sur la bipolarité et je retiendrai par-dessus tout les grands sourires sur les visages au moment de se dire au revoir. Après l’avoir vécu, je suis convaincu que les groupes de parole peuvent énormément aider les personnes bipolaires et leurs proches.